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Camilo Restrepo

Collages

Related to the film La impresión de una guerra (Impression of a War)

 

Collages made from poorly printed newspapers shot for the film  La impresión de una guerra (Impression of a war)

 

2016 – 2022

 

Sales & Exhibitions, please contact:

camilo.film(arroba)mailo.com

 

Introduction

 

In 2015 I made the short film Impression of War. The film analyzes the use of different media to convey a message about the Colombian armed conflict: skins, papers, walls, screens, various materials on which the marks of war are imprinted. Examined in terms of their physical qualities, these media of information thus appear as concrete data from which a “truth”* about the Colombian conflict might emerge.

The beginning of the film deals with the origin and use of various newspapers that failed at the time of printing. Unsuitable for the dissemination of news, these failed newspapers are filled with washed-out and blurred images that don’t represent the country’s current affairs. But as I looked at them closely, I wondered whether their deficiencies made them more eloquent about the situation in Colombia than properly printed newspapers.

Colombia has been experiencing armed conflict for decades, complicated over time by the arrival of new armed actors and new motivations for continuing the war. A war that is poorly understood, whose reasons are as hazy as the images in failed newspapers. The history of this war is full of gaps in memory, of events passed over in silence, of exactions poorly recorded – both voluntarily and involuntarily. The print gaps on the pages of faulty newspapers speak more of a defective collective memory, than all the cleanly written analyses in the newspapers that circulate.

Continuing the reflection begun in the film, I decided to intervene directly on the newspapers. I assembled different pages, torn or cut into “windows” that allow us to appreciate the superimposed layers. Put in perspective, one behind the other, they make me think that delving into the country’s memory is an abysmal task.

The newspapers used cover a ten-year period, between 2005 and 2015. Each set, confusing sheets of different dates, is a random compression of that period. A failed archive of Colombia from which would emerge a concrete truth* of an era in the country.

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*I use the term “truth”, inspired by the phrase “Truth is concrete” inscribed in large letters on a beam above Bertolt Brecht’s desk. Since it is concrete, truth is therefore manipulable, like any other material.

Camilo Restrepo. 2019.

(French version of this text at the bottom of the page)

Présentation

 

En 2015 j’ai réalisé le court-métrage L’impression d’une guerre. Le film analyse l’utilisation de différents supports pour véhiculer un message sur le conflit armé colombien : peaux, papiers, murs, écrans, divers matériaux sur lesquels s’impriment, parfois involontairement, les marques de la guerre. Ces supports de l’information, examinés par ses qualités physiques, apparaissent ainsi comme une donnée concrète à partir de laquelle surgirait une « vérité »* sur le conflit colombien.

Le début du film traite de l’origine et du destin de divers journaux qui ont échoué au moment de leur impression. Impropres à la diffusion des informations, ces journaux ratés sont remplis d’images délavées et floues qui ne représentent pas l’actualité du pays. Mais en les regardant attentivement, je me suis demandé si leurs défauts ne les rendaient pas plus éloquents sur la situation de la Colombie que les journaux correctement imprimés.

La Colombie connaît un conflit armé depuis des dizaines d’années, complexifié au fil du temps par l’arrivée de nouveaux acteurs armés et de nouvelles motivations pour poursuivre la guerre. Une guerre qu’on comprend mal, dont les raisons sont aussi floues que les images des journaux ratés. L’histoire de cette guerre est remplie de trous de mémoire, d’évènements passés sous silence, d’exactions mal répertoriées – volontaire et involontairement. Les vides d’impression des pages des journaux défectueux parlent davantage d’une mémoire collective défectueuse, que toutes les analyses proprement rédigées dans les journaux qui circulent.

Poursuivant la réflexion entamée dans le film, j’ai décidé d’intervenir directement sur les journaux. J’ai assemblé différentes pages, déchirées ou découpées en “fenêtres” qui permettent d’apprécier les couches qui se superposent. Mises ainsi en perspective, les unes derrière les autres, elles me font penser que fouiller dans la mémoire du pays est une tâche abyssale.

Les journaux utilisés couvrent une période de dix ans, entre 2005 et 2015. Chaque ensemble, confondant des feuilles de différentes dates, est une compression aléatoire de cette période. Une archive ratée de la Colombie de laquelle émergerait une vérité concrète* d’une époque du pays.

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*J‘utilise le terme « vérité » m’inspirant de la phrase « La vérité est concrète » inscrite en gros caractères sur une poutre au-dessus du bureau de Bertolt Brecht. Puisqu’elle est concrète, la vérité est donc manipulable, comme tout autre matériau.

Camilo Restrepo. 2019.